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L’importance de l’émigration, bien qu’elle soit aujourd’hui restreinte

 

Aujourd’hui, la Kabylie, par laquelle a commencé l’émigration algérienne en France, vit encore essentiellement des revenus de cette émigration, au point qu’une grande partie des transactions financières et bancaires se font désormais principalement hors Algérie, entre des comptes bancaires en France. L’interdiction de l’émigration de travail individuelle, en 1975, et l’autorisation du seul « regroupement familial » qui a permis, autour de l’émigré de longue date, le rassemblement des familles déjà constituées, ont désormais privé de possibilité de départ, et des revenus attendus, la nouvelle génération de jeunes hommes, sans emploi sur place, sans ressources et réduits à une inaction dont ils rendent responsable le gouvernement algérien.

 

Car, autrefois comme il y a peu encore, par leurs fréquentes activités hors de Kabylie, les hommes kabyles ont toujours noué de nombreux contacts avec bien d’autres Algériens comme avec des étrangers, dans tout le pays, en Tunisie, en France et à travers le monde. Partout ils ont établi des réseaux de relations et de transmission d’informations, d’idées, d’échanges et de fermentation intellectuelle et politique. Mais il ne peut plus en être de même aujourd’hui, et les jeunes Kabyles se désespèrent de ne plus pouvoir trouver aucune source de revenus, ni sur place, ni ailleurs en Algérie, ni en émigration en France ou en des pays plus éloignés, partout où la diaspora kabyle est dispersée à travers le monde : en Nouvelle-Calédonie, où sont encore des descendants d’exilés au bagne après 1871, en Russie (ex-URSS) et en Allemagne (anciennement « de l’Est »), où sont allés des étudiants et des travailleurs, et jusqu’au Canada, aux États-Unis, en Europe du Nord, au Moyen-Orient, etc.

De petites villes manufacturières : des groupements de villages d’artisans

 

Autrefois, les Kabyles les plus riches étaient, incontestablement, les artisans et les commerçants. Ils habitaient de gros villages tassés qui, juchés dans la montagne, à bonne distance des plaines, pouvaient constituer une seule agglomération, réunissant des centres très proches et parfois aussi quelques hameaux. C’étaient de véritables petites villes manufacturières très peuplées; certaines d’entre elles étaient alors appelées Tlata tuddar, les « trois villages », et offraient les caractéristiques d’un début de réel processus d’urbanisation. Ainsi en était-il, par exemple, au XIXe siècle, des Tlata tuddar des Aït Yenni (réunion des villages de Aït Larbaâ, Taourirt Mimoun et Aït Lahcène), qui rassemblaient près de deux cents ateliers et boutiques, d’orfèvres surtout, et aussi d’armuriers, et comptaient près de 5 000 habitants, au cœur du massif Agawa.

 

 

Ainsi en a-t-il été aussi des Tlata tuddar des Iflissen Lebhar, où plus d’une centaine d’ateliers d’armuriers réunis constituaient un véritable arsenal de sabres (les flissa) en Kabylie maritime (Taourirt n’aït Zouaou, Ighil Boussouil et Issoukan).

 

 

 

 

Construits en grosses et belles pierres taillées, entourés de murailles souvent formées par les murs extérieurs jointifs des maisons et fermés de portes, ces bourgs étaient de véritables forteresses ceintes de remparts, pourvues à l’intérieur de plusieurs places, de mosquées et de « maisons des hommes », tajmaât, garnies de bancs de pierres où se tenaient les assemblées villageoises (les jemaâ), réunissant périodiquement les hommes. Les quartiers – tikharroubintakharrubt au singulier) – des grandes familles lignagères dominantes – imerkantiyen (singulier : amerkanti) – « riches » (surtout des commerçants) se distinguaient des quartiers plus indifférenciés (les iderman/adrum) des autres villageois ( idaâfen, « pauvres, chétifs »). Des corps spécialisés d’habitants au service de la communauté assuraient différentes tâches, d’entretien et de voirie, de garde nocturne ou diurne, et tous étaient réunis dans une même communauté dedéfense. C’étaient bien là de réels embryons de cités [12] [Lacoste-Dujardin, 1993].

 

 

 

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Tag(s) : #Histoire de Tassaft et des environs: articles
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